Les hommes, au lieu de vouloir s’améliorer, veulent changer le Monde.
Les enfants d’aujourd’hui seront ces adultes de demain qui déploreront encore que le Monde est imparfait, et, qu’il faudrait le changer ; Faute d’avoir reçu une éducation, une instruction, une formation qui leur permettraient de trouver leur place dans une société où règneraient l’ordre, l’harmonie et la paix.
Qui va changer le Monde ? Et comment concevoir et souhaiter ce Monde qui approcherait de notre idéal, et, où nous existerions plus conformément à une certaine normalité. Au Présent, nous sommes plongés dans la ruche humaine grouillante d’individus. Demain l’Humanité pourra entièrement se déstructurer et perdre tous les acquis et progrès de ses civilisations actuelles ; des hommes se dresseront à nouveau sur les débris des mondes anciens pour en reconstruire d’autres, alors il faudra bien changer le Monde.
Ça recommence !
Traçons un grand V inversé sur une feuille quadrillée, au sommet doit se trouver celui qui dirige, le président, le Roi. Pour l’instant toutes les cases sont vides sauf celle du sommet où se tient le Roi debout, sans trône. Le Roi lance un appel et le répète de part et d’autre des colonnes descendantes ; et le verbe agit, les premiers paquets d’individus arrivent et gravissent les cases en escalier. On joue des coudes, on se pousse, on s’insulte, on ruse, certains dégringolent et sont repoussés par ceux qui affluent. Enfin quelques-uns sont arrivés à mi-chemin du haut de la pyramide, à portée de voix du Roi ; montez ! montez ! Mon très cher peuple et vous serez récompensé ; et, quelques-uns se hasardent à monter plus haut, ce sont les plus forts, les plus courageux mais pas les plus intelligents. Et puis on se heurte à un mur, au-dessus se trouvent neuf cases.
Le Roi commence une harangue : Il me faut avant tout deux personnes d’entre vous pour me seconder et diriger mes affaires ; ces personnes auront de grandes responsabilités. Les gens effrayés par ces propos se concertent, palabrent, pèsent le pour et le contre, les bras leur en tombent ; il semblerait que ceux de ces gens les plus hardis ne soient pas volontaires pour occuper de tels postes, on s’assoie par terre, écroulés. Une nuit passe, et à l’aube du jour suivant, un petit malin a une idée, et, il l’a dit : Nous avons du muscle et nous sommes rusés mais nous n’avons que peu de cervelle, restons en place, mais faisons passer un message vers le bas pour qu’on nous amène deux personnes des plus intelligentes de ce peuple et aptes à remplir ces fonctions. Une fois dépassée la large entrée où s’est engouffrée la foule, on envoie des émissaires moins musclés mais plus retords à la recherche de l’Élite.
On ne s’attendait pas à faire un long voyage parmi des millions de gueux qui s’étaient amassés sur des kilomètres de routes et de chemins sinueux ; tous ces individus cherchaient un pays d’asile, capable de les recevoir, de les héberger et de les nourrir. Trois émissaires, car il en faut trois pour déceler et choisir les futurs grands responsables d’un pays ; ces trois émissaires donc, voyagent pendant trois jours et trois nuits et arrivent enfin au milieu d’un groupe d’hommes qui, réunis en cercle, échangent des considérations autant philosophiques que géopolitiques ; il y a des vieux et des moins jeunes qui présentent déjà des calvities, ils sont tous sérieux et préoccupés par les problèmes des autres.
Je suis essoufflé, je me repose un instant à l’ombre d’un mur providentiel planté dans le décor de mon imagination. J’ai du m’endormir et j’allais perdre le fil de mon histoire, si par un heureux hasard je reconnais dans la foule mes trois émissaires ; malgré ce voyage harassant ils sont tous en bonne forme et certainement moins fatigués que l’auteur. Ils sont déjà à pied d’œuvre et posent la première question à celui qu’ils jugent du premier coup d’œil le plus apte à remplir la mission qui lui sera confiée : Voulez-vous changer le Monde? La réponse ne se fait pas attendre : ô certainement, oui! J’en ai toujours rêvé mais, à vrai dire, je ne saurais comment. Les émissaires se frottent les mains, en voilà un qui fera l’affaire. C’est rare d’en trouver un du premier coup dans cette botte d’humanité en fouillis. Pour trouver le deuxième ils firent trois tours du cercle de cette assemblée docte, et, chaque fois ils se regardaient en hochant gravement la tête, non et non ; suivant, suivant, suivant, à la fin ils en eurent le tournis. Ils décidèrent de prendre du repos, tout prés de ces gens toujours échangeant à bâton rompu des opinions fort intéressantes sur tout et rien à la fois.
On renonça à revenir sur ce groupe, il fallait aller plus loin, peut être jusqu’au bout, vers le Sud, en espérant que la source d’où venaient les humains ne tarisse pas d’un seul coup. Trois jours de plus à remonter ce fleuve devenu rivière, c’est raisonnable pour une pareille entreprise. Courage! dit le premier, Persévérons dit le second et Merde! J’ai mal aux pieds dit le troisième, le sélectionné ne dit mot trouvant ces trois émissaires à la petite cervelle très imbus de leur personne et incapables de se hisser jusqu’au niveau de son esprit subtil. D’ailleurs, sachant qu’il leur était supérieur ils le tenaient hors de leurs propos. Au loin on discernait dans le soleil couchant un petit cercle d’individus sous un arbre immense qui touchait de sa cime l’Olympe et ses dieux. Il fallait accélérer le pas et arriver avant la nuit pour s’intégrer à ce groupe et être hors d’atteinte d’éventuels rôdeurs en quête de rapine sauvage. Le Monde désorganisé était devenu très dangereux pour un individu se déplaçant seul sur un chemin en plein jour et encore plus la nuit. Dans ces régions tous les animaux ayant été tués, il ne restait de prédateurs que des moustiques avides de sang humain, et, une tribu errante de cannibales ne s’étant pas résolus à leur conversion au végétarisme. Il y avait aussi, comme de tout temps au sein des communautés, le sale individu prêt à faire un mauvais coup. Ils hâtèrent donc le pas et rejoignirent ce cercle qu’ils croyaient le dernier ; ils constatèrent aussitôt que ces individus, j’allais dire végétariens, représentaient à différents degrés le summum de l’intellectualité. Les présentations étant faites, nos trois compères et l’élu accroché à leurs basques furent invités à entrer dans leurs cahutes. On remit au lendemain toute discussion.
Le soleil n’avait pas encore rosi l’Orient que cette petite tribu était déjà debout.
Leur réflexion avait mûri pendant la nuit et ils se hâtaient d’exposer leurs nouvelles trouvailles, leurs nouveaux concepts, comme le font tous les intellectuels qui dorment peu et bouillonnent tout le temps en pensée ; mon cher qu’as-tu à ajouter à ceci : au-delà de la physique, de tout ce qui est formel pour appréhender l’impalpable des causes premières, que préconises-tu ? Le deuxième intellectuel ajouta : comme des principes aussi ? Oui mon cher ! Et bien, alors, considérons tout ceci sous un angle esthétique et métaphysique… Ils ne prêtaient aucune attention à leurs visiteurs qui burent comme eux de l’eau chaude sucrée agrémentée de quelques feuilles au goût indéfinissable et accompagnées de morceaux de galettes de blé légèrement salées. Le chef de la délégation venu d’ailleurs, il s’était désigné lui-même chef, attira l’attention de celui qui semblait être leur maître à penser ; comme tous les gens simples et rusés il n’était intimidé en aucune circonstance, aussi entra-t-il dans le vif du sujet : nous voulons emmener avec nous auprès du Roi l’un d’entre vous. Quel Roi ? Interrogea le maître, il y a bien longtemps qu’ils ont disparu tous les Rois…
C’est prodigieux et piègeux tout cela ! Alors le chef se lança courageusement dans une longue explication où il était question de changer le Monde, et, que seul un Roi pouvait rétablir l’Ordre social, la Tradition, le Bien être et la Paix, et, qu’à coup de révolutions, de républiques et de démocratie, le Peuple sombrant dans l’Anarchie s’était doté d’une machine-à-se-faire-broyer. Alors, à force de liberté, d’égalité et de fraternité, l’élite disparut et personne ne voulut plus manipuler les outils : par voie de conséquence, il n’y eut plus d’ouvriers et donc plus de patrons. Chacun se débrouilla pour survivre sans se soucier de l’autre qui n’avait qu’à se débrouiller. Ni Tolérance, ni Jugement, ni Loi ; l’Anarchie splendide, informe, stérile, la régression de tout système républicain. La perte complète de Tradition. C’est ainsi que prirent fin les Nations et que les peuples se regroupèrent en petites tribus, non pour s’entraider mais par instinct grégaire. Vous vous rendez compte ! Un Roi courageux ! Un authentique Roi perdu dans la foule, investi d’une inspiration quasi divine et qui veut bien travailler au Changement du Monde. Saisissons cette nouvelle chance !
Le Maître avait tout saisi dès la première parole de ce long développement, mais il se plaisait à voir comment un sauvage inculte pouvait exposer un pareil plaidoyer. La cause fut entendue, on allait désigner celui qui serait le plus apte à remplir des fonctions auprès de ce Roi providence. Mais ! Dit tout à coup l’intellectuel de la première heure. Mais quoi ? Rétorqua le Maître. Savez-vous, Maître ! qu’il devra comme moi conseiller le Roi, aussi il doit avoir la réflexion rapide en plus d’une intelligence vive et encore une patience calme à toute épreuve. Bien sûr ! bien sûr ! dit le Maître, je sais qui vous voulez, Étienne venez près de nous, le voici votre homme. Bien! Répondirent dans un ensemble parfait les quatre examinateurs, nous allons lui poser une question, et, il eut droit à la même question posée n’importe comment comme au début de leur prospection, et, Étienne répondit exactement comme celui qui le regardait avec beaucoup d’attention. Vous remarquerez, vous lecteurs, que ce ne sont pas les plus doctes et les plus sages que l’on appelle pour former des gouvernements ; réfléchissez !
Ils repartirent le lendemain pour un voyage retour d’une semaine. Chaque soir, on faisait halte dans des camps de morceaux d’humanité ; il y avait des couples mais peu d’enfants, on remarquait surtout qu’il n’y avait pas d’obèses. Il faisait bien chaud dans ces territoires du Septentrion !
Comme l’avait bien calculé Martial, la petite troupe se trouva exactement une semaine après sous un rempart ; étonnement ! Le bruit avait circulé qu’il fallait protéger cette pyramide, et, des jeunes et moins jeunes s’étaient activés, charriant de la terre, des blocs de pierre, des branches pour les assembler en échafaudage ; un vrai chantier grouillant s’était mis en place. Un élan de solidarité était né, pour simplement une idée qu’avait lancée dans la foule, on ne savait plus qui ; et les gens s’étaient mis en marche et avaient reconstitué cette machine humaine antique et efficace, faite d’os, de muscles et de tendons, et, bien sûr ! d’un estomac. En six jours, le rempart fut érigé et le septième on se reposa, aujourd’hui, donc ! Comme l’auteur d’ailleurs…
Une entrée flanquée de deux postes de garde s’ouvrait en plein milieu ; c’est par ce passage qu’entrèrent nos hommes missionnaires et gravirent les cases-escaliers les amenant devant le mur royal. Le Roi les attendait, assis dans un fauteuil somptueux aux accoudoirs de tête de lion ; tiens ! se dit Martial, où a-t-il dégotté ce trône splendide, dans cette humanité si déshéritée ! Le Roi, lui, ne s’était pas posé de question quand quatre hommes-forts, portant ce fauteuil, lui avaient demandé l’accès au Saint des Saints. Et maintenant le roi était à nouveau sollicité : Ô, notre Roi ! Voici vos deux ministres, donnez-nous l’accès à votre Case royale ; le Roi leur jeta une clé d’argent au panneton creusé d’un Z. Entrez et approchez mes nobles personnes de l’esprit, et vous, s’adressant aux trois autres, trouvez-moi une bonne épée de chevalier, allez, allez ! Les trois compères étaient à peine descendus de cinq cases au-delà de la petite porte, qu’on leur tendit une merveilleuse épée flamboyante ; on était à l’affût de toute information et tout se transmettait de bouche à oreille, quasi instantanément.
Avant toute chose, le Roi fit mettre à genoux les deux récipiendaires ; et, il procéda à leur adoubement ; ainsi furent-ils faits chevaliers. Il y avait bien longtemps que les derniers chevaliers gisaient dans des tombeaux de pierre, oubliés et enfouis dans des cryptes que seuls connaissaient quelques initiés, au bout du Monde. Un grand événement venait d’avoir lieu, le peuple sut, et, pour la première fois on prit conscience d’un renouveau ; il fallait fêter l’événement, manifester sa joie ; l’espoir renaissait, le Monde changerait ! Mais c’était à peine les prémices d’une organisation où l’humanité pourrait se reformer et renaître. L’Humanité se mourait par manque de procréation ; la perversion, la transgression des lois naturelles, la stérilité frappant l’espèce, comme une calamité voulue par une divinité punitive, avaient été les principales causes ; les causes annexes étaient d’ordre climatique et surtout de pollution. La Science, liée aux progrès et aux techniques, manquant d’élite, de cerveaux, de moyens, s’était éteinte comme une flamme privée du produit qui la crée. Seuls les philosophes, renouant avec les archétypes des concepts des millénaires passés, restaient la veilleuse de la pensée qui se suffit à elle même, dans une économie extrême de moyens. L’ascétisme avait été la règle pour survivre, le Peu et parfois le Rien devinrent la norme par nécessité, et, à présent, on savait bien que ce n’était pas le Hasard qui modifiait le destin du genre humain.
L’homme est le pire ennemi de lui-même, le prédateur le plus dangereux, le plus efficace face aux autres espèces, et aussi le plus destructeur, le plus inconscient de la Nature ; ça aussi ils le savaient mais ils le refoulaient bien au fond de leur subconscient. Sous ses idéologies, l’humain s’est toujours donné bonne conscience en prônant ses droits de l’homme parmi les hommes, dans une égalité qu’il sait aberrante et une liberté illusoire qui lui permet d’opprimer les plus faibles et d’asservir pour ses besoins sa planète et d’autres mondes ; s’il le peut ! Mais la Nature peut le rappeler brutalement à ses devoirs envers ce Monde qui lui semble si docile. Après ces constats qui sont valables depuis le début des peuples constitués et des nations de droit, le Roi lui qui aimait son bon peuple, arrêta de remuer dans sa pensée ces processus qui menaient immanquablement à l’anarchie et à la dislocation de toute société dite démocratique. Il fallait continuer à mettre en forme son gouvernement, aussi demanda-t-il à ses deux ministres, maintenant dûment mandatés, de pourvoir les sept postes restants.
Tout seul un Roi ne peut rien faire, il lui faut autour de lui des hommes compétents et d’excellente qualité ; les deux ministres s’exécutèrent et renvoyèrent les émissaires nantis d’ordres et de recommandations très précis. Il leur fallait sept Grands Officiers pour remplir les différentes tâches incombant à un gouvernement, en passant des finances à la diplomatie mais surtout pas de la guerre ou des armées. Mettre de l’ordre dans cette foule, mais comment !
Voilà nos trois compères à nouveau en campagne ; il est plus facile de déceler des grosses têtes que celles qui peuvent avoir un calibre moindre et prêtes à obéir aux recommandations, injonctions et ordres impératifs d’un supérieur qui sait parce qu’il sait et qui pendant des nuits a cogité, calculé et élucubré sur quelque plan. Évidemment tout cela pour le bien général! Allez, On y va ! Et comme un seul homme à trois paires d’yeux et autant de jambes et de bras, cette machine à triples rouages se mit en marche ; et, bien décidée à terminer, enfin cette mission. Le bain de foule obligatoire pour chercher la tête et l’idée qui s’y trouve ; on commença par les individus à haute stature et présentant bien. Puis on regarda plus bas, si bien que les trois premiers sélectionnés présentaient des tailles très différentes. On vérifiait par là que le meilleur fruit et le plus beau n’est ni fonction de la taille de l’arbre, ni de sa beauté esthétique mais de sa force de création intérieure. Il faut toujours être persuadé d’avoir fait le bon choix, du moins le croire et en être satisfait.
Chemin faisant, la troupe, maintenant grossie de son importance, pouvait imposer son volume de déplacement et jouer des coudes latéralement pour s’enfoncer comme un coin dans n’importe quel mur humain. C’est comme cela qu’on impose sa vérité à tous les autres, mais les Rois ne le savent pas car on se garde bien de les informer, et, surtout quand ils n’ont pas de journaux à lire. Le peuple a de tout temps eu sa propre organisation parallèle à celle du Pouvoir ; c’est comme cela qu’il a pu désorganiser la société. En somme, il faut sans cesse reconstruire ce que les autres ont détruit consciemment ou inconsciemment ; ce que nous avons détruit, nous-mêmes nous ne souhaitons pas, dans la majorité des cas, le reconstruire. Et pourtant nous adorons parfois les ruines des anciens mondes en ayant, parallèlement et parfois dessus, édifié le nôtre. Ce qui nous fait dire que l’être humain est la plus belle ambiguïté de tous les règnes terrestres. Mais ce n’est ni avec ambiguïté ou paradoxe que l’on change un monde ; il faut tout d’abord en sortir pour l’examiner de loin et considérer qu’il y a un autre monde à bâtir ; ce n’est pas à nous de le faire mais à l’autre génération qui doit sortir du cercle qui l’a engendrée. Et si nous allions très loin, parmi les étoiles pour jeter un regard sur ce que nous sommes ?
Martial marchait remuant dans sa pensée ces considérations qu’il n’osait formuler aux autres. Et c’est à ce moment-là qu’il dit courageusement aux autres : Nous devrions nous reposer : C’est peut-être aujourd’hui le septième jour ! Et ils se reposèrent en chœur sans dire mot.
L’esprit dispos ne vient qu’après un bon sommeil ; le sourire et la gaîté peuvent alors ouvrir un nouveau chantier en accompagnant cette volonté d’aller au bout de la mission. Quelqu’un sifflota un air connu. L’homme a le même corps depuis environ cent mille ans avec son cerveau qui s’est imprégné à chaque naissance d’une nouvelle langue, de nouvelles modes et de tout ce qui est nouveau. Son cerveau possède une mémoire mais il a une faculté d’oubli qu’il déplore souvente fois. L’homme est donc resté ce qu’il était à l’origine sans vêtements et ensuite avec vêtements. Sa conscience, se faisant jour peu à peu, l’a peut-être distingué de l’animal, son frère ; quoiqu’il ait parfois fait intelligemment ce que font tout bêtement les animaux. Subconscient, inconscient, c’est là peut être où dort la bête qui resurgit comme un dragon terrifiant quand elle remonte de son obscure retraite. Gentils ! Soyons gentils, extirpons la vilaine bête de notre cervelle et fraternisons.
Le Roi, seul responsable devant Dieu et les hommes, s’ennuyaient ; il demanda, pour rompre sa réflexion, des outils et une bonne serrure, assez compliquée quand même, pour s’exercer à la démonter et à la remonter. Seule la sagesse doit conduire un Roi dans ses actions ; c’est d’ailleurs ce que l’on attend de lui… pour le reste… les bons ministres spécialisés peuvent tout faire. Pour un Roi, réfléchir, maîtriser sa pensée et sa main, rester calme et patient lui permettent de faire son ascèse. Un Roi bon ouvrier, c’est rare! N’est-ce pas ?
Le Premier ministre se dit, pourvu qu’il ne demande pas, après, une pendule pour s’exercer à la démonter et remonter.
Et Martial chemin faisant se dit, nous en avons trouvé trois, il n’en reste plus qu’un, et comme il avait pensé à haute voix, les autres dirent en chœur, tu te trompes Martial! il en reste quatre ! Alors Martial pointa son index et compta, un, deux, trois, plus un, deux, trois, Nous ! égal six et plus un à trouver, sept ! Nous aussi, nous sommes bons ! Avez-vous quelque chose à redire ? Non ! Vous voyez bien, qu’il n’en reste plus qu’un à trouver. Nous avons été trop loin, rebroussons chemin, nous sommes passés prés de l’homme que nous cherchons ; en effet le septième ne pouvait échapper à leurs regards, il dépassait d’une tête le groupe où il se trouvait.
Ainsi le peuple eut un Roi et un Gouvernement. La terre épuisée, rendue stérile par endroits ne pouvait plus supporter la population du passé ; moins prolifique, elle pensait échapper à tout nouveau péril. Ce restant de peuple savait maintenant les dangers de la démographie galopante. Le dilemme était : que faire maintenant ?………Changeons le Monde bien sûr ! Le Roi dit soudain : il me faudrait une pendule !
Et vous cher lecteur dont je respecte la liberté d’opinion : Etes-vous pour ou contre le changement?
Épilogue : Il fallait changer le Monde avant qu’Aldous Huxley n’écrive Le Meilleur des Mondes. Il fallait changer le Monde avant que George Orwell n’écrive 1984 !
Notes : Même sous les Rois, les gens du peuple peuvent choisir ceux qui doivent les gouverner. La Démocratie n’est pas l’apanage exclusif de la République qui, quand elle est issue d’une révolution sanglante, dégénère toujours en Anarchie.
Les républicains organisant un État avec son Gouvernement ne peuvent échapper aux archétypes de fondement des Royautés. En définitive tout gouvernement républicain est une caricature d’un gouvernement royal. Sans TRADITION, un Pays dégénère, se déstructure et devient ingouvernable.