Sept milliards d’individus sur Terre font au même moment des gestes qui se ressemblent. Nos sens enregistrent toutes leurs perceptions simultanément ; certaines s’effacent instantanément, d’autres se gravent dans notre mémoire ; le pourquoi est inscrit dans le centre de tri de notre cerveau qui privilégie des sensations par intérêt propre à notre individu. Ni en avant, ni en arrière, hic et nunc en synchronisation parfaite, c’est l’état véritable de l’ÊTRE HUMAIN. Et pourtant tout est relatif et parfois inexplicable ; c’est le paradoxal et l’ambigüité de l’être. Ce mélange de sensations nous donne le relief de notre existence avec toutes les dimensions possibles en creux, en bosses, en angles, en courbes, en spirales, dans le grand train de l’Espace –Temps créé par le Big-Bang. Rien ne dure dans le domaine des perceptions, tout est fugace et se décompose comme un parfum qui passe du liquide à l’effluve et dépouille sa fragrance en un strip-tease où doit briller la note finale. L’éphémère est la caractéristique du temps qui passe et qui constitue le rêve du Passé.
Un ami physicien me parlait de « la simultanéité qui liait toute chose et tout être ». C’était en quelque sorte la vie avec toutes ses manifestations hic et nunc. Rien ne peut être isolé, séparé des autres manifestations solidaires d’un tout, dans le présent vécu dans l’instant emporté dans le futur. Et ce Passé, le temps parti en légères particules, sans retour possible. Il faut jouir vite de la seconde qui passe ! Tout se perd comme l’on perd chaque fois une année le jour de notre anniversaire. Néanmoins la somme de ses expériences, savoirs, réflexions au fil du temps constituent peut être la richesse mentale de l’individu (à condition que le cerveau de celui qui vit l’exploration des sociétés et du monde soit apte, donc capable de se perfectionner ; ce qui encore relatif pour certains imprégnés d’idéologie).
Tout ce qu’ingère la conscience semble être classé, le bon, le mauvais, l’acide, l’amer, le doux ; ainsi se forme notre mémoire des choses que palpent nos sens sans aucun arrêt quand nous sommes éveillés. Et tout se modifie, l’œil perd de son acuité, l’oreille perd ses sons dans les basses, le nez perd progressivement l’odorat, la langue sent encore le sel, l’amer et le doux, le toucher s’émousse aussi. Tout s’use sur cette Terre qui semble elle aussi dépérir sous les pieds de l’homme qui la pollue. Notre globe terrestre est un grand corps vivant animé par ses quatre éléments fondamentaux, nous sommes dans ce corps. Michel de Montaigne disait « …ma pensée va que si mes jambes vont. » Nous bougeons donc simultanément nos membres, notre corps quand nous parlons ou écrivons ou quand nous réfléchissons ; ce synchronisme nous rend actif.
Nous sommes une idée dans un corps. Chaque individu a sa propre idée mais ce sont ses caractéristiques et ses expressions qui le distinguent des autres avec qui il échange simultanément des idées.
Il est vrai que l’humain ressemble étrangement, du moins physiquement, au monde de toutes les espèces qui l’entourent. Tous ces règnes bougent et ont une existence limitée dans le temps mais ne sont pas égaux dans la durée ; eux aussi vivent la simultanéité de leurs sens.
L’Homme souhaiterait à présent vivre simultanément son Présent et son Passé tout en se projetant dans un Futur aléatoire.