Textes

La Force du mot

By 25 janvier 2021 février 15th, 2021 No Comments

Les mots sont des véhicules qui transportent la Pensée, comme les wagons d’un train tirés par la locomotive. Ainsi le mot peut être à lui seul machine complète. La phrase, un train, plus ou moins long, rapide ou lent. Les mots doivent être bien choisis et bien assemblés pour ne pas faire dérailler la Pensée.

Essayer de casser le mot, c’est séparer ses organes, ce qui revient à désarticuler le contenant qui perd en définitive son sens initial.

Toute chose ne peut se définir que par sa globalité. Considérer une chose en divisant ses parties, c’est d’une part faire une analyse en donnant à une partie un sens qu’elle ne peut posséder que dans le Tout, et c’est parfois priver de vie l’ensemble. Ainsi le mot RECONNAÎTRE si on le divise en RE, CON et NAÎTRE, en cherchant le sens de chaque partie selon sa propre connotation, on en perd, en définitive, sa signification qui varie selon ses connotations, comme : se souvenir, identifier, constater, avouer, explorer, avoir de la gratitude. Et si on l’emploie à la forme pronominale on peut avoir : se retrouver, s’avouer.

Nous voyons que cet exercice a vidé le wagon de son contenu identifié, et que l’expression qui contient ces nouveaux véhicules pourrait nous conduire paradoxalement sur une voie parallèle ou totalement différente. Certes, le mot doit être choisi avec justesse pour approcher de plus près la pensée que l’on veut exprimer. Mais il doit aussi s’insérer harmonieusement dans la phrase et concourir à la cohérence de l’ensemble. En toute chose, il ne faut pas s’écarter de l’objectif à atteindre. Etre au plus près de sa pensée pour traduire fidèlement ce que l’on veut exprimer, dire avec précision, employer des mots simples, est l’effort que tout penseur devrait faire. Ainsi, tout serait clair et aisément compréhensible. Au lieu de disperser sa pensée, il faut sans cesse la centrer et la recentrer encore. La pensée humaine est comparable à l’arc qui envoie la flèche, toujours pour atteindre une cible en son centre ou à l’endroit le plus vulnérable de l’objectif à atteindre. Et là, encore, la main intervient, comme dans l’écriture. L’acte pensé devient physique et se traduit par le média d’un outil. Une pensée bien faite cherche toujours le meilleur outil, adapté pour façonner la chose.

La recherche de la perfection se fait par pallier et élève peu à peu le niveau de conscience. Et l’esprit s’éveille à d’autres connaissances dans la Connaissance.

La Pensée digère, en quelque sorte, les informations, toutes les informations qu’on lui propose ; D’analyse en synthèse comme le font tous nos sens, terminaux de notre cerveau pensant. La Pensée, ultime émanation de notre être, construit notre vie et nous permet d’exister selon notre schéma individuel. Nous inventons constamment notre propre Monde à l’aide de la cohérence de toutes choses extérieures. Nous classons simultanément et immédiatement tout ce qui nous est utile en l’intégrant, et nous rejetons dans le même temps tout ce qui dérange nos sens et que nous jugeons intuitivement inutile ; comme le font d’ailleurs nos mécanismes intérieurs pour maintenir notre être en vie, tant bien que mal.

Pour atteindre des états supérieurs, il faut discipliner notre pensée. Il nous faut acquérir en toute chose la plus grande des précisions, que ce soit dans la gestuelle ou la façon de raisonner, pour que de l’harmonie de nos manifestations physiques et mentales s’organise une création juste et efficace. Alors, peut être, pourrions-nous utiliser le mot Juste qui engendre La Force de la Pensée.

Comment opposer la laideur du passé à ce présent plein de splendeur ?

C’est ainsi que réfléchissait  quelqu’un de difforme qui, par son intelligence et son génie talentueux, avait accédé à la notoriété.

Le futur se fondait  dans le présent et l’objectif n’avait pu être atteint, non par manque de persévérance mais simplement par remplacements successifs d’autres instants de substitution et d’autres découvertes, par aventures aléatoires ou de nécessités impératives. Ainsi la diversité s’impose malgré soi dans un enchaînement non déterminé.

L’existence avec des passions éteintes dans une mémoire trop chargée se vide d’intérêt.

La course à la Joie qui amène l’état de bonheur fugace est volontaire, mais souvent  la course n’aboutit pas à l’instant souhaité. La complexité, poussant l’être à innover, est un moteur nécessaire pour mettre de la diversité dans l’existence. Pour un intellectuel la monotonie est suicidaire.

Le Présent se consomme au quotidien dans le cadre restreint de l’individu et dans la vaste société où il est inscrit. L’être est enfermé dans son intimité.

Être beau ou devenir beau ne concerne que l’intérieur de l’Être. La beauté extérieure sans sourire est froide et repoussante, paradoxalement elle enlaidit l’individu…

Être admiré dans la vaste société revient à s’être montré souvent, dans des situations difficiles, capables de maîtrise et d’exploit. Être adulé est tout autre chose ; ceux qui admirent inconditionnellement sont en majorités des sots prêts à promouvoir d’autres sots. Derrière le masque la surprise est latente.

Et la beauté humaine s’efface avec le temps. Tout vieillit sauf le Bonheur.

La Beauté et la laideur se côtoient parfois dans l’indifférence quotidienne, sans que l’une repousse l’autre. La société mondiale n’oppose pas mais rend duel, ce qui paraît comme valeur et anti valeur ; comment promouvoir l’une sans l’autre.

Le Monde a un endroit et un envers et baigne dans de multiples dimensions. Si on a tendance à relativiser toutes nos perceptions c’est pour échapper à l’analyse qui nous paraît contraignante. Nous voulons échapper aussi aux classements de ceux qui paraissent détenir certains pouvoirs à un échelon élevé de la pyramide.

 

Comment conjuguer à nouveau le verbe aimer ?

La société   éclatée n’héberge que des amours éphémères.

La quête de l’autre est vaine quand le soir sombre dans l’angoisse de l’être. Chacun reste chacun et presque sans regard, l’autre s’accroche à l’autre. Les mots se vident de sens et tout devient tentative pour approcher dans l’éphémère moment, lui ou elle.

Le romantisme, la poésie, effacés par la virtualité triomphante et remplacés par les stéréotypes de la nouvelle société sans âme. Il faut être branché, connecté pour donner l’impression d’exister. L’individu perd son âme et s’englue dans la foule des personnes. La tendresse devient rare et le nouvel être fragile régresse en qualité humaine. La volonté de transcendance sans spiritualité ne peut grandir l’être. Le monde matériel colle à la peau.

La ville semble tuer les relations ; les piétons ont des allures de robot de part leur marche rapide et saccadée et leur regard fixe. Quand ils entrent dans un magasin leurs yeux exorbités absorbent tout le décor, avalent les objets exposés et aucun regard ne se pose sur l’autre chaland. L’Indifférence serait-elle spécifique à la ville? Ou l’Ego dissimulé sous un masque, par peur de l’autre? On ne peut se grouper s’il n’y a aucun intérêt. Une manifestation s’organise sur un thème. Au cinéma, au théâtre ou à un concert, chacun s’isole dans le confort de son fauteuil et après les applaudissements la foule des spectateurs redistribue ses individus à la ville.

L’Amour vaste sujet qui parfois ne reste qu’à l’état de mot ou alors passe comme un météore dans l’existence. On aime, on n’aime plus ; en réalité ce sentiment n’est qu’un égoïsme déguisé sous la parure noble qu’on veut lui donner. Rien ne semble perdurer, tout lasse, tout casse, tout passe avec le temps.  Le souhait de Jésus a fait long feu, le « aimez vous les uns les autres » ne peut être universalisé ; cette magnifique injonction aurait pu être inscrite au fronton de toutes les églises et temples chrétiens mais personne n’y a pensé. Cette idée n’est venue à aucun Pape et pourtant pour ouvrir les cœurs il faut d’abord ouvrir les pensées.

L’amour n’est parfois resté qu’à l’état de chanson et a bercé pendant trois minutes l’auditeur attendri. Aimer ne serait donc qu’une illusion, une pulsion momentanée, un coup de cœur  qui s’éteindrait quand cupidon n’aurait plus de flèches. Sentiments nés au printemps et refroidis au seuil de l’hiver ?  Il reste quand même un être sur deux dans un couple défait qui sera marqué profondément dans son âme et sa mémoire ; la souffrance de l’amour est réelle.

La société évolue de jour en jour et de plus en plus rapidement alors que dans le passé surtout les modes n’évoluaient que tous les cinquante ans. Le progrès aussi dans tous les domaines suivait le même rythme. Un divorce, une rupture d ‘amour était un drame épouvantable alors qu’à présent, sauf pour quelques cas, il y a banalisation dans ce domaine. Le mariage semble n’être plus une institution généralisée pour fonder une famille ; les unions libres se multiplient. Jusqu’où ira ce changement de forme de vie ? Aimer, ne plus aimer devient une alternance non seulement constatée mais admise sans état d’âme. Les amours éphémères ne sont plus réservées aux adolescents qui s’essaient au verbe aimer ; des adultes les vivent de plus en plus et souvent nous assistons à des familles recomposées où nous ne savons plus qui est qui.

En anglais on distingue deux verbes aimer selon qu’il s’agit d’Être ou de choses. I love you ou I like milk, ce qui différencie les deux façons de le dire en soulignant le sentiment très fort qui s’attache à Love plus singulièrement. Il est vrai que la langue française peut donner à un même mot des sens différents comme des connotations diverses. Du Nord au Sud, de l’Est à l’Ouest chaque peuple conçoit ou ne conçoit pas l’Amour comme l’autre. Il y a cependant des évolutions par l’interpénétration des civilisations, et, souvent des imitations qui modifient des traditions.

Le verbe aimer n’a plus son importance d’antan mais que faire, nous ne pouvons que constater ce changement voulu par la nouvelle société qui semble ne plus avoir le temps d’aimer. Aimer et le dire prend certainement du temps pour que l’Amour mûrisse et s’épanouisse. Quel sentiment merveilleux pour ceux qui l’éprouvent. L’Amour courtois qui a été florissant au Moyen-Âge était ritualisé et réglé de telle sorte qu’il vassalisait l’homme et la femme, et, bien sûr la galanterie et l’esprit chevaleresque étaient de mise ; il est impensable à notre époque de pratiquer cette façon de courtiser une femme. L’approche est tout autre.

Ce que semble oublier, quotidiennement, la plupart des personnes  composant les peuples, c’est la puissance de l’Amour. Non seulement l’amour est source de bonheur mais ce sentiment est capable de ramener l’humain dans les voies de la Sagesse et de sauver en quelque sorte l’Humanité en empêchant ses actions belliqueuses.