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La Poésie

By 4 janvier 2021 janvier 31st, 2021 No Comments

Je n’ai pas la prétention de vous présenter un modèle fini de ce qu’est objectivement la poésie. C’est surtout la poésie à ma manière, avec toute ma subjectivité. Boileau (Nicolas Boileau-Despréaux) a voulu, en nous donnant la leçon, nous enfermer dans des règles d’écriture poétique : c’est « l’Art poétique » ou plutôt son Art poétique. J’espère, simplement, vous faire pénétrer dans l’un des mondes de la poésie, avec ce petit essai.

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La poésie est née à l’aube des temps, par quelques mots ou sons rythmés créant une harmonie, apportant la joie et l’apaisement dans les cœurs, une invite à l’amour, à la trêve dans la guerre permanente pour acquérir, conquérir ou mourir. Elle a jailli hors des choses pratiques mais s’est avérée vite nécessaire dans l’aspect festif de la vie.

La poésie et le chant sont intimement mêlés car la poésie chante et le chant est un poème.

Les combats, la chevalerie, ont, certes, inspiré ceux qui se devaient de rapporter les faits dans les formes de ces sociétés. Souvent ces mêmes conteurs ont dessiné les événements ; marqués dans la pierre, support idéal et naturel en ces temps où le génie de l’homme est à peine naissant.

Voyez-vous la poésie a cheminé depuis longtemps pour arriver aux formes que nous connaissons aujourd’hui. Tout semble avoir été dit, mais l’esprit fécond de l’humain évolue continuellement et sa production ne finira jamais de nous étonner, je dirais même de nous émerveiller.

Les aèdes, comme les appelaient les grecs, s’accompagnaient de la lyre pour dire leur poésie. Homère était un aède. Au VIème siècle avant JC la poésie occupait une grande place dans le domaine des arts et les maîtres faisaient école. Notre mémoire a retenu quelques uns des grands noms qui ont marqué leur siècle et si nous en faisions l’effort nous pourrions citer aussi leurs œuvres, les plus connues certes ! mais aussi celles qui nous ont été enseignées et, si par chance nos  » Maîtres «   nous communiquant leur passion pour l’art, nous pourrions également en dire quelques phrases et peut être des plus belles. Ainsi nous aurions envi d’avoir à portée de main un de ces ouvrages qui, ouvert à n’importe quelle page, nous transporterait et nous enchanterait parce qu’immuable chef-d’œuvre. Qui pourra mieux qu’un poète traduire les autres expressions artistiques ; devant un tableau ou une sculpture, il entrera dans la pensée de celui qui les a créés. Le poète est donc le lien entre matière et esprit

L’expression poétique est l’image d’un langage qui donne une autre vision de ce que nous donne la langue parlée pour une communication pratique. Dans la poésie c’est l’esprit qui est interpellé et nourri pour réfléchir.

On dit souvent que le poète se cache ou s’enferme dans sa tour d’ivoire. Si le poète s’isole pour écrire ses pensées, il est là tout près de vous dans la vie quotidienne car il aime la présence des autres ; tout l’intéresse, il observe, vous adresse la parole, il affine ses sens pour mieux capter l’instant et faire provisions de tout ce qu’il perçoit. Plus tard il aura une envie impérieuse d’écrire, de recomposer le tableau de la vie, de revoir la page de la Nature avec les mots de son cœur et la technique de son esprit. L’inspiration prend donc sa source dans le fleuve existentiel qui emporte le poète.

Aimer! Oui, c’est le maître mot de celui qui chante la Vie. L’Oeuvre engendrée sans amour ne peut émouvoir l’humain qui la reçoit. Ce qui sonne faux sera rejeté par nos sens. Les modes qui portent en avant de la scène des constructions artistiques, dites originales et toujours d’avant garde, dérangent l’esprit. Le but est de choquer par le déséquilibre de la composition, de rendre tout instable pour faire perdre le bon sens et entraîner l’humain dans un ailleurs pervers. La permanence de la beauté est le chef-d’œuvre mille et mille fois contemplé recréant sans cesse cette émotion, cet émerveillement instinctifs. Indiscutable et puissant, il peut être cette montagne, ce lac, cette île posée délicatement dans la baie, ou cette dune au sable dorée, féminine, que le vent du désert a caressée pour nous offrir cette douce évocation.

C’est là, que parfois, même le poète se refuse à décrire tant de beauté car cette vision est ineffable. 

De tout temps les poètes se sont reconnus entre eux. Ici on ne pourrait cacher les œuvres de Léon Dierx, d’Evariste de Parny, de Eugène Dayot, de Leconte de Lisle ; une pléiade de poëtes en terre lointaine française. Poëtes d’un autre temps, que je considère comme mes frères passés. Je les mets dans ma mémoire et dans un seul linceul, celui de la Poésie créole qu’ils ont imprégnée de leur amour et de leurs mots magiques. Voltaire, dit-on, composait des vers à douze ans, plus tard il popularisait en France les éléments de la physique de Newton et de la même main il écrivait Zaïre. Les mots ont la chaleur qu’on leur donne, ainsi un texte peut vivre ou mourir sous la plume de celui qui l’écrit. La bureaucratie a besoin de longs listings monotones et froids, de notes impersonnelles, de la  littérature glacée des institutions, de comptabilités aux chiffres rigides qui deviendront d’une façon monotone des zéros et des uns dans l’univers électronique de l’argent. La monnaie a sonné et trébuché ; mettriez-vous un collier anti-puces à votre carte de crédit ? Certes, non ! un besoin impérieux de matériel vous oblige à vous gratter quelque part.

Le Monde autour de nous bouge sans cesse et vite. Comment prendre son temps et regarder la fleur qui pousse au bord du chemin. La poésie aurait-elle disparu de la pensée matérialiste de l’homme ? Le panneau publicitaire aurait-il remplacé la fleur ? La télévision aurait-elle remplacé notre propre existence en nous faisant vivre la vie des autres ?

Mon opinion n’a peut être aucun intérêt pour vous, néanmoins, je vais vous la dire : Malgré le matraquage en tout genre que subissent mondialement les individus, il y a une résistance que lui oppose le cerveau humain, et celle-ci est organisée par son « bon sens ». Il n’a pas envie d’adhérer à « La Pensée Unique ». Le personnel prend le pas sur l’impersonnel. L’original sur le banal. La variété sur l’uniforme et le sexe identifié sur l’unisexe. L’Humain manipulé, contraint, finit par se rebeller : le poète qui s’exprime librement s’expose à être persécuté, mais l’authentique poète préfère crever de faim que de se laisser asservir. La tentation de brider la Pensée est impérieuse pour ceux qui gouvernent les peuples ; l’astuce est de classer parmi les fous ceux qui ont la pensée libre. En d’autres temps il y avait les fous du Roi !

Alors faisons rire, jouons la tragi-comédie et dissipons les ténèbres par un soleil éblouissant ! Chantons la joie de vivre partout, et pleurons sur nos amours perdus parce que cela libère notre cœur : le pleur est salvateur. Il faudra bien mourir un jour pour laisser aux autres un petit coin de terre. Oui, le poète qui cherche la rime, cherche aussi le son du mot qui frappera l’âme et la fera s’ouvrir comme une fleur au baiser rose du jour naissant. Ainsi la page blanche reçoit le baiser du poète. 

Tout est vibration dans la nature, car tout est onde et lumière colorée quand le soleil se lève. Le réveil des êtres entraîne l’action diurne avec l’horizon qui s’ouvre à l’espérance comme un grand éventail. Les voies sont multiples comme les choix, et le poète tout en cheminant hésite et s’interroge, ruminant un vieux rêve tandis que sa main écrit une pensée qui devait éclore. Le poète a peut être une double vision ou parfois multiple des choses qui l’entourent et le pénètrent pour qu’il puisse redire autrement tous ses sentis. Qu’attendent les lecteurs d’un poète ?

Les mille paysages qui leur ont été décrits chantent encore dans leur mémoire avec leurs merveilleuses couleurs. Le poète est un faiseur de rimes et de phrases bien assemblées qui coulent lentement ou rapidement au rythme des choses décrites.

  Tout semble avoir été dit ; le même objet a été contourné, retourné, examiné de près, de loin, projeté dans l’Espace. Inlassablement, les poètes ont réduit le même objet, en beauté de plus en plus pure. Leurs semblables, ces autres mystérieux, ont livré leurs attitudes, leurs sentiments, leur âme, au fil des siècles : immense fresque où la bataille, la femme, les saisons, la terre, le feu, le vent et l’eau, défilent et répètent,  à l’infini, la tragi-comédie humaine sous l’œil ardent du Soleil Roi, maître de toute vie, ou de la pale Lune, tantôt Tanit déesse dangereuse, tantôt douce complice des amants. Et notre Monde roule dans l’immensité stellaire emportant l’Humanité et ses poètes dans l’Infini de leurs vœux sans cesse renouvelés.

Ainsi, le chant du poète s’envole, léger il plane au-dessus des vicissitudes des choses de la vie. Comme la forêt donne, à l’atmosphère, sa production d’oxygène  nécessaire à la Vie de tous les êtres, la poésie donne, à l’individu, un complément de souffle pour  le faire respirer autrement.

« On ne sait pas, note Pascal, en quoi consiste l’agrément qui est l’objet de la poésie. » On le sait très bien, réplique Voltaire : « La poésie est l’éloquence harmonieuse. » Personne ne répéterait avec le Littré que la poésie se ramène à « l’art de faire des ouvrages en vers », à ses différents genres de poèmes (épique, lyrique, dramatique) et à ses différentes matières (profane, sacrée, didactique) ; ou bien au style figuré ; ou, en élargissant encore le sens, à l' »élevé » et au « touchant ». On n’écrit guère plus en vers , on ne s’attache plus à distinguer et à hiérarchiser des « genres » et des « matières » ; la prose poétique n’emploie plus les mêmes figures ; le choix des adjectifs « élevé » et « touchant » relève d’une société qui n’est plus la nôtre. Que reste – t-il ? On ne définit pas la poésie. On la désigne.

Elle réside en toute production dont l’effet est moins d’informer que de communiquer. Acceptons, par commodité, de conserver à cette production le nom de poème, en dépit du fait que son manque de forme régulière ne devrait pas le permettre. L’information peut y être nulle, il arrive que les mots manquent, voir les lettres : nous ne savons pas ce que le poème veut dire. Cependant, il nous dit, parfois il nous chante, toujours il communique une émotion.

Pour certain la création demeure une énigme et pourtant l’abandon onirique comme l’effort intellectuel peuvent par exemple être des facteurs de déclenchement de la production poétique.

La poésie est souvent un rêve en état de veille.

Elle est partout dans la vie. Elle est parfois joyeuse et parfois triste. C’est le lever d’un jour dans l’éclatement des couleurs de mille fleurs où la pensée s’égare pour trouver la rime qui fera chanter la journée. C’est la tristesse d’un soir où l’on a perdu un ami et l’âme déchirée qui crie à la mémoire : souviens-toi de son sourire et de sa voix qui répondait à la tienne.

C’est la musique de la nature dont les êtres ont besoin, comme de son eau et de l’air, pour s’agrandir l’Esprit qui dompte la matière.

Le poète vient de l’enfance. Il n’est pas rare qu’il y rencontre sa première chance. A l’école ou dans son entourage, il a entendu des poésies, tenté, il essaie. Il cherche moins à innover qu’à rejoindre, en quelque façon, les poètes l’ont touché, qu’il distingue mal l’un de l’autre et dont, en général, il ignore les noms. Ainsi donc, il imite, mais il n’imite pas en adulte soucieux des moyens techniques, capable de se critiquer au fur et à mesure. Il ne se soucie guère ou pas des règles de la prosodie ; il ne saurait pas s’en servir. Il prend aux mots  la Joie, que dans sa prime enfance, il prenait aux couleurs. Etre poète, c’est user d’une manière spéciale de parler, inventer une sorte de conte où interviennent les animaux, les plantes, la montagne. Il vise à atteindre un effet. Mais lequel ?

A voir le monde réfracté par cette sensibilité puérile, qui n’est plus la sienne, l’adulte, souvent, est surpris par la fraîcheur, l’inattendu de la vision. Cette vision, nul doute qu’il la poétise selon sa culture d’adulte. Cependant, nul doute non plus que l’enfant, dans ce premier élan d’imitation, ne produise parfois une floraison poétique. Durera-t-elle ? Non. Même si l’adolescent n’oublie pas cette floraison de l’enfance, il lui faut commencer par une saison morte. Il s’initie à la technique. Il attrape des procédés. Trop scolaire, trop près de nous – ou de ses professeurs- dont il connaît mieux le langage, il devient plus conventionnel, il en est aux grands sentiments. Il réussit trop bien l’imitation. Il échoue. La plupart des adolescents ne dépassent pas cet échec.

Et pourtant à ce qu’il semble, nous restons tous doués de spontanéité créatrice : dans la fatigue, l’ivresse, la fièvre, le rêve. Que de rêves qui nous étonnent, et même, quelquefois, par des condensations verbales ! L’idée neuve jaillit dans un éclair de distraction, Oui ! Mais les productions oniriques ne sont pas communicables, il faut les écrire et elles perdent leur éclat dans l’écriture : le poète ne rêve pas le rêve, il le joue, il le réinvente.   

L’inspiration ! Comment définir l’inspiration qui soudain prend naissance, justement, quand l’effort de concentration se relâche, quand le cerveau calmé s’illumine et bouillonne d’idées pour créer . Nous connaissons la Muse qui devrait inspirer toute Œuvre poétique ; qu’elle soit Muse idéale ou Muse vénale ce sera toujours la dixième des Muses, l’amante de la Pensée, sœurs des neuf Muses qui font, l’histoire, l’éloquence, la tragédie, la comédie, la musique, la poésie amoureuse, la danse, le lyrisme et le ciel avec ses astres.( Clio, Calliope, Melpomène, Thalie, Euterpe, Erato, Terpsichore, Polymnie et Uranie. ) La poésie serait-elle d’origine divine ? Du moins, les Grecs le pensaient dans le contexte mythologique. Je ne voudrais pas vous abuser par un syllogisme trop facile et prétendre que toute poésie est divine;

Ainsi prend naissance un nouveau poème et il est nécessaire que le poète y souffre ou prenne du plaisir. Et il est vrai que l’on passe à la logique rayonnante de la poésie. La poésie est l’art de faire chanter la phrase. C’est une pensée musicale qui enrichit l’image et nous enchante en donnant un nouveau sens, un sens magique au monde le plus familier. Le poète n’est ni fou, ni rêveur, il croit à la logique de transformation de la linéarité de la prose en une logique rayonnante . On croit, parfois, naïvement que les mots isolés ont un sens : celui qui paraît s’isoler dans un dictionnaire . Or, les mots ne prennent de sens que dans un ensemble, une idée – S’il n’y avait pas de  logique, il n’y aurait point de poésie – Un poème est avant tout  un chef-d’œuvre de la raison. Il est vrai qu’actuellement se développe un goût pour l’insolite, le bizarre qui rend la construction amphigourique ; donc l’humain s’écarte du bon sens et de la raison. 

Il est vrai aussi que l’Art cinématographique explore toutes les situations du possible et de l’étrange et c’est aussi un syncrétisme de tous les arts – Néanmoins, après avoir exploré de nouvelles formes, pénétré dans des univers fantastiques créés par lui, l’humain a toujours besoin, et c’est une constante, de revenir dans un monde plus naturel où il se ressource pour son équilibre – Si ce n’était pas le cas, il sombrerait inévitablement dans un dérèglement cérébral qui l’écarterait des normes qui lient les individus dans une Société.

En cela l’humain se condamne à la destruction et prépare sans cesse de nouvelles ruines pour établir maintenant  et au jour le jour une modernité où l’évolution, la transformation des moyens s’accélèrent.

La poésie procède d’une longue maturation, d’une alchimie intérieure dans le noir de l’Etre, dans le rouge de son sang pour enfin être libérée en pleine lumière. Si la poésie est l’expression de l’intérieur, elle doit se faire nécessairement sur la surface des mots, amassés en vocabulaire, rejetés harmonieusement en phrases rayonnantes et rythmées.

Le poète est un artisan qui a l’art de sertir la phrase de mots,  associés comme les pierres d’un bijou, donnant force et beauté à l’expression.

L’éclectisme permet à un poète l’évasion permanente vers d’autres développements de son esprit créatif. Ainsi passant du descriptif à une situation sentimentale, il échappe à l’enfermement d’un style qui le contraindrait psychiquement et limiterait sa création.

Le poète n’est pas toujours cet être maudit, triste, drogué ou alcoolique. Certes, l’inspiration, la création dans les sociétés modernes émergent parfois de certains marasmes dans lesquels plongent quelques êtres, mais les œuvres les plus remarquables de l’humanité ont été engendrées par des créateurs de génie dont le comportement exemplaire n’est plus à prouver.

Comment peut-on être poète dans cette Société ? Société où l’on choque, où l’on anesthésie le citoyen, où tout nerf suspect est supprimé. Ainsi désensibilisé l’Etre matérialisé à saturation perd toute faculté spirituelle. Et pourtant les rosiers poussent encore et on en offre parfois leurs fleurs.

La spiritualité transcende l’Etre – La poésie s’adresse à l’Esprit créant l’émotion qu’a voulu transmettre le poète. Le poète peut être ce médiateur qui offre aux autres un regard différent, saisissant des détails et des formes que d’autres ne voient pas. Ses perceptions singulières passées au travers de multiples filtres cérébraux. Ses  sentis infinis passant par le cœur pour donner cette joie d’un goût nouveau.

Le rêve éveillé est source d’aventures et transporte l’Etre. Le Parisien rêve  de Tropiques, le Réunionnais rêve de Paris. L’Etre désire toujours un Ailleurs idéal pour son plaisir et son renouvellement.

La poésie  existe parce que la beauté l’orne et que l’Amour règne dans les cœurs. La poésie  c’est donc cette beauté simple, facteur principal de l’Harmonie des sens participant à notre construction.

je voudrais, puisque l’occasion m’en est donnée, rendre hommage à un poète  qui est du petit nombre d’esprit auxquels, sans le savoir, nous devons tous quelque chose de notre vie intellectuelle : c’est Pétrarque, poète du XIVème siècle et qui peut être considéré comme le père de la poésie moderne et de la culture humaniste, auteur en langue vulgaire de cet immortel « CANZONIERE » , qui  a suscité des foules d’imitateurs en Italie et dans toute l’Europe et qui a marqué la poésie amoureuse en Occident jusqu’au romantisme et au-delà, et d’une œuvre en latin, impressionnante par sa masse et qui, de son temps, lui valut la couronne de laurier et la gloire. Pétrarque se présente comme une sorte de Janus regardant à la fois vers le passé et vers l’Avenir, l’Antiquité et la chrétienté, la frivolité et le recueillement, le lyrisme et l’érudition, la turbulence et le repos, l’intérieur et l’extérieur. Voyageur infatigable, curieux des mœurs et des choses, amant intrépide de la Nature et en même temps érudit, archéologue, philologue, lecteur subtil et passionné des auteurs latins, promoteur de l’étude du Grec ; même lorsqu’il est tourné vers les Anciens, il est plongé dans l’Actualité. Il renoue toujours avec la Tradition en retournant aux origines pour aller de l’Avant et créer ce Monde moderne où la Morale et la Philosophie de l’Antiquité et la Foi chrétienne se fondraient, réconciliées.

Il est vrai qu’il y a tant d’écrits sublimes en littérature, depuis trois mille ans au moins, qu’il nous est difficile de les connaître tous. Et puis, à quoi bon !  diront certains. Comme la plante, le vrai poète offre sa fleur et ne prend rien. C’est l’Acte gratuit pour autrui mais gratifiant pour lui. Les inventions du poète étonnent toujours et l’on est souvent admiratif devant un bel agencement de mots et de phrases. C’est ainsi que des poésies se sont inscrites dans les mémoires et ont marqué des peuples entiers au fil des siècles.

La Poésie élève l’âme et la sauve en créant l’enchantement d’un Espace métaphysique.

Nous nous devons de tout aimer, les jours pluvieux comme les jours ensoleillés, autrement nous risquerions de détruire en nous cette joie de vivre qui doit nous animer  en toute circonstance. Si l’être humain ne se conforme pas à l’ordre naturel des choses en gardant en éveil tous ses sens, en étendant sa réflexion sur tout ce qui est multiple et complexe, il ne pourra pas voir la Beauté. Alors, les portes du Merveilleux se refermeront au bord du désert de sa pensée. Et l’homme sera mort debout sans le savoir.

Tant qu’il y aura des poètes, il y aura des hommes libres quelque part ; le vrai poète est un homme libre, parce que hors norme et atypique. André Chénier fut l’un de ceux-là.

En définitive, quand tout est harmonieux, le but est atteint ; c’est pour cela qu’il faut mettre toujours une petite fleur au bord d’une ligne de vos écrits.