Un essai pour être heureux et passer par le centre du bonheur
Il faudrait d’abord définir ce qu’est le bonheur. Synonyme certainement de joie, mais d’une joie totale et transcendée.
La permanence du Bonheur (Nivarna) est quelque chose d’utopique ; il conviendrait plutôt de dire des instants de bonheur. Le bonheur dans l’acception « joies successives et durables » ne pourrait être l’oubli total du contexte dans lequel nous vivons. Evénement heureux, chance favorable. Le bonheur peut conduire à la grandeur suprême. Nous savons aussi que le contraire du bonheur est le malheur, et souvent le malheur des uns fait le bonheur des autres. Il y a aussi des bonheurs de toutes sortes. Le comble du bonheur. Etat heureux, de pleine satisfaction. La vertu peut engendrer le bonheur ; étroit et court passage, le prix du vrai sage ? Il est aussi des bonheurs honteux et ceux des méchants. Le bonheur éternel ? satisfaction intime, ineffable, non transmissible. Béatitude, félicité ? Chance ! Le bonheur est la bonne chance.
Passer par le centre du bonheur : c’est certainement le moment où plus rien ne bouge, comme cette embellie au centre d’un cyclone. L’extase, la contemplation totale, la paix de l’âme. La fin de l’œuvre et finalement sa contemplation. La rose juste épanouie. Joie indicible, donc non transmissible.
Succès, réussite, fortune, veine, ataraxie, bien-être, calme, contentement, délices, enchantement, euphorie, extase, félicité, paix, plaisir, prospérité, ravissement, relaxation, satisfaction, septième ciel, sérénité et volupté.
Le bonheur illumine : c’est la grande lumière qui inonde l’âme et la purifie ; lorsqu’ on est capable de concevoir sa splendeur à un haut niveau.
Est-ce que le bonheur doit se payer ? Est-ce qu’il se mérite en étant octroyé par autrui qui détient le monopole de créer du bonheur ? Est-ce à force d’ascétisme, d’abstinence, de privations en tout genre, qu’on peut atteindre le bonheur dans le dénuement le plus complet ? Ou alors, la découverte par hasard, l’éclairement soudain, la rupture des chaînes. Un souffle libérateur qui nous emporte et rénove notre esprit et notre corps. Peut-être la simple joie de communiquer avec un autre être. Un regard, une belle chose ; les perceptions émerveillés. Le contentement soudain et absolu. Un rêve en état de veille. La gloire, qu’on n’attendait plus.
» Le bonheur est dans le près cours-y vite, cours-y vite ! il va filer. Le bonheur est dans le près cours-y vite, cours-y vite ! il a filé » Paul Fort.
Le bonheur insaisissable pour celui qui ne sait pas l’attraper. Ou ceux qui cherchent ailleurs quand il est là, juste tout prés d’eux. L’enchantement, l’arc-en-ciel après une journée sombre. Un rayon de soleil sur la chaumière en Sibérie.
C’est peut-être la chose et l’événement exceptionnels. Un parfum, une musique, une exquise jouissance. Le bonheur à deux, éphémère, mais éblouissant comme une super novæ. Rarement l’objet construit, mais le fruit délicieux du hasard, le plus souvent. Combien de ceux qui sont partis à sa recherche l’ont obtenu et ceux qui sont morts juste avant de l’atteindre. L’homme ayant atteint la sagesse, mutilé par toutes les épreuves qu’il a subies ou qu’il s’est imposé, n’éprouve plus de sensations ; il meurt dans le silence de son âme immensément vide. Par contre, l’aventurier est capable de pénétrer dans d’intenses instants de bonheur. Le bonheur doit se prendre vite (hic et nunc), presque sans réfléchir, puisqu’en définitive c’est le pic suprême, la révélation d’un état supérieur dans notre conscient immédiat (« cueillez dès aujourd’hui les roses de la vie » ou Carpe diem). Le refus du bonheur engendre le début de la destruction de l’équilibre de l’être et d’un processus irréversible de renoncement à l’épanouissement. Est-ce qu’un Ordre Initiatique peut monter l’être vers le véritable bonheur ? Certes, non, puisque rien n’est atteint et que l’humilité constitue le refus par excellence à se libérer dans l’éclatement d’une suprême jouissance. En définitive l’être doit s’affranchir de toute manipulation pour garder en toute circonstance son libre-arbitre. Transgresser les ordres est un danger pour toute organisation qui doit avoir la main mise sur ceux qui la constituent. (recevoir et donner de l’amour est créateur de bonheur)
Ne plus servir, mais avoir la volonté de se détacher de tout ce qui pourrait constituer une entrave, une dépendance. Se libérer de toute doctrine, de tout dogme, penser sans contrainte ; cette attitude conduit à acquérir la Force intrinsèque et l’Ataraxie du cœur. Le bonheur ne serait-il pas aussi l’indépendance de l’esprit qui conduirait l’être à des états supérieurs de pensée ? Certainement, même s’il prenait naissance dans un contexte physique et matériel. Le bonheur peut donc avoir toute origine et faire intervenir toutes les perceptions pour prendre forme dans un ravissement total.
Dans nos républiques, la chevalerie n’est plus de mise en tant qu’institution. Un chevalier accompli est brave et franc. Paradoxalement dans nos sociétés, l’argent décide de tout et tend à parer tout individu des signes d’une seigneurie non méritée.(Les gens des villes et des vignes s’octroient des châteaux et blasons sans penser au ridicule dans leur société dite républicaine ; inconscients du symbole puissant et noble que représentent ces attributs). Le noble et le ci-devant gentilhomme ont vécu, le citoyen a fait place au consommateur. Comment peut-on par exploit et grandeur d’âme accéder à cette chevalerie de l’esprit réservée à une « élite » enveloppée dans le manteau de l’ésotérisme ? et, par voie de conséquence arriver au centre du bonheur ? La distinction conférée par les grades chevaleresques devrait donc logiquement conduire le récipiendaire à l’extase.
Si un individu œuvre dans la Société, il en subit les influences négatives ou positives. Malgré ses essais de détachement, il ne peut réussir à rompre ses liens qui le rattachent solidement à ceux qui gèrent son existence. Il peut à tout moment prendre conscience de cet état de fait, mais aussi il peut avoir l’illusion de se défaire de quelque lien, parce qu’il affirme que sa pensée est libre ! Dans les pays civilisés, à sa naissance, l’individu se trouve enfermé dans la mathématique des mensurations, du pesage, des tests biologiques et étiquetages d’analyses de plus en plus poussées. Il faut à tout prix extirper du futur adulte, tous les paramètres qui serviront à le repérer et à l’insérer dans la grande machine humaine Est-ce que le Meilleur des Mondes est en préparation ? Va-t-on rendre heureux l’individu, par la force s’il le faut, en lui fabriquant toutes les chances de l’être ? Il est certain que l’homme sera de moins en moins libre de décider seul de son destin et dans cette perspective, de prétendre à des instants de bonheur, sans qu’ils soient dûment contrôlés. Nous sommes à la fin d’un Monde qui semble se terminer dans « le mal-être » avec un début de millénaire hasardeux où tout deviendra difficile pour la masse humaine mondiale, tandis que les privilèges et le pouvoir resteront enfermés dans la poigne de quelques élus. L’Histoire se répète à l’infini selon les archétypes établis dès la naissance de la première tribu.
Est-ce que l’homme de la Préhistoire, sans langage construit, mais s’étant doté d’une expression picturale pour véhiculer ses souhaits et ses actions, a-t-il ri ? Oui, sûrement, puisqu’il est prouvé qu’il était capable d’exprimer ses émotions. (Même l’animal manifeste sa joie par des signes évidents) ; ainsi l’homme a établi la première communication d’un instant d’allégresse et montré qu’il était heureux (en montrant ses dents). Il est commun de dire que le rire est le propre de l’homme ; en effet, personne ne peut dire et affirmer avoir entendu le rire des autres Règnes. Partant de là, est-ce que l’homme serait-il le seul être sur Terre et dans l’Univers à posséder cette faculté démonstrative d’un état joyeux ? La joie serait-elle exclusivement humaine ? La joie, chez l’humain, conduisant au bonheur et à l’harmonie dans le domaine mental, ne pourrait être que physique et fonctionnelle dans la faune, la flore et le minéral. Mon rosier produit de plus belles roses quand je prends soin de lui. Constatation, qu’indépendamment d’un senti solitaire dans une situation plaisante ou réjouissante, il y a manifestation du bien être quand quelqu’un prend de l’intérêt pour nous, et mieux encore quand il nous aime.
Comment maintenir les sociétés dans un bonheur relatif ? tel est l’objectif des gouvernants de ce Monde. La manipulation n’a jamais pu atteindre un haut degré de subtilité pour réussir à faire croire aux peuples qu’ils pourraient être enfin heureux et se reposer sur le pouvoir, établi par eux le plus souvent ; comme dans « les démocraties ». Quand l’homme a commencé à construire sa demeure, les édifices de ses cultes, ses objets, et à fixer la parole dans l’écriture, il a révélé des caractères qui au fil des siècles sont restés les mêmes. Nous constatons aujourd’hui, que durant près de sept mille ans l’homme s’est toujours doté de nouveaux moyens ; fruits de son esprit inventif. Et il a certainement évolué physiquement, si peu néanmoins. Les théories de Lamarck et Darwin ne sont valables que pour expliquer des phénomènes à partir de quelques espèces concernant la faune et la flore, et nous constatons, à présent, qu’il n’y a ni évolutions ni transformations continues, mais des mutations liées à l’adaptation à un nouveau milieu ; ce constat se fait sur des milliers voire des millions d’années et dans certaines tranches du passé profond. Pour le Monde microscopique, comme celui des virus, par exemple, les mutations sont paradoxalement très rapides ; elles n’ont rien à voir, d’autre part, avec le Monde macroscopique. Et pourtant, l’homme dieu voudrait bien donner à la nature, un coup de pouce, pour la transformer selon ses souhaits (le clonage et le transgénique). En cela il demeure l’apprenti sorcier qu’il a toujours voulu être en transgressant les lois naturelles. L’homme est-il parti, dans ses extravagantes inventions, à la conquête du bonheur pour le surhomme de demain, où va-t-il inéluctablement vers son malheur et en définitive, volontairement, accélérer le processus d’extinction de sa propre espèce? D’aucuns disent que le bonheur n’existe pas sur terre et qu’il faut rejoindre le Père éternel pour le trouver. Cela reste à prouver. Je pense qu’il faut apprendre à vivre, à ne pas miser sur son malheur, ni sur le malheur des autres et à rire de temps en temps comme l’on met une virgule entre deux phrases sérieuses.
Dans la course au bonheur, ce qui pourrait être une quête pour certains, qui arrivera en son centre ? et après, ô ! combien d’épreuves ? Il y a aussi ceux qui ne peuvent prendre part à ce challenge contre l’adversité et qui sont contraints à demeurer dans leur misère tant physique que morale ; prisonniers des rets de la fatalité, quelques-uns en rongent par endroits les mailles et émergent dans le monde luxueux des nantis. Quel bonheur, alors ! Est-ce que le chevalier errant, mendiant sa pitance et celle de son cheval, ne serait-il pas le symbole de la grandeur drapée dans le manteau de la souffrance sublimée et vaincue ? Et capable encore, de donner du bonheur par ses grands yeux irradiés de lumière. Mais il y aura toujours ces faux chevaliers des temps modernes, en habits chamarrés, ceux qui demanderont plus aux autres, à leur corps et à leur esprit, en ingérant la drogue miracle qui les fera surhomme, champion des champions et qui brûleront toute leur énergie et la perdront à jamais, dans un instant fugace de bonheur artificiel. Encore plus simplement : Le vrai bonheur serait cette constatation en pensée, d’être en pleine vie au sens de bonne activité physique et mentale, avec tous les sens intacts et en éveil.
En définitive, ce que nous cherchons avec acharnement au-dehors et parfois fort loin, ne serait-il pas en nous, bien caché ? Il suffirait, alors, de trouver dans notre esprit la clé, pour ouvrir notre cœur et partager avec amour le pain et le vin avec celui qui a faim et soif. Devenu, le vrai, l’authentique chevalier, nous serions à cet instant précis au centre du Bonheur.