L’axiome, ou postulat, est dérangeant par son aspect définitif ; c’est une réalité établie. Mais tout ce qui est non euclidien relève du concept. Toute la géométrie, toute la mathématique de l’homme a d’abord pris naissance dans son imagination géniale. D’abord spéculation elle est devenue opération pour ses constructions. Ses instruments étaient simples ; un bâton à tracer, une corde, un tau pour élaborer tous les calculs et tracés. Réfléchir intensément sur quelque figure, transcende et fait passer dans le mystère métaphysique.
La Réalité est le vécu filtré au travers de nos sens ; elle est pleine de notre pensée. Mais nous oscillons sans cesse entre abstraction et réalité ; notre imagination spécule en interprétant tout ce qui entre par nos sens. Nous sommes toujours entre le vrai et le faux de nos sens dans nos approches binaires. La relativité de nos sens est vérifiée lorsque nous confrontons nos impressions avec l’Autre. L’altérité est donc indispensable à l’homme pour se situer au sein de la société et pour perfectionner ses approches sensorielles.
L’Abstraction est le complément indispensable à notre réflexion sur tout ce qui entre dans notre pensée. Elle nous permet de comparer les impressions reçues et aussi d’en créer d’autres, surtout dans le domaine artistique.
L’homme ne peut vivre que d’objet, que de concret, que de choses finies, il doit dépasser le matériel pour s’élever en esprit et créer son monde imaginaire. Le futur de l’humain est une aventure où ses inventions le prolongent et lui donnent de multiples dimensions. Il oscille en permanence dans sa pensée d’une façon alternative et continue à la fois. Chaque seconde qui passe construit ou détruit l’individu. La vulnérabilité de l’humain est évidente, elle peut arrêter toute progression ; c’est ainsi que se sont éteintes les civilisations passées.
La pensée est-elle faite de clivages ou est-elle un assemblage, un emmaillage d’impressions, de sensations, de réflexions qui la rendent continue en l’enrichissant progressivement ? L’Homme est un goûteur et un douteur ; il goûte non seulement avec ses sens mais aussi avec sa pensée qui les prolonge. C’est en cela qu’il est différent de l’animal qui n’est gouverné que par son instinct. L’homme ne peut rester longtemps en suspension dans un vide physique autant que mental qu’il aurait créé pour se libérer des contraintes relatives qui l’oppressent et le déstabilisent. L’humain comme toute créature vivante a besoin d’un encrage quelque part qui lui permet ce retour à la planète, le contact d’un sol et l’environnement qui accroche ses sens. Ainsi l’homme voyage sans cesse, et, ses aller-retour sont nécessaires à son équilibre ; en cela il est peu différent de l’animal. L’homme dans un milieu carcéral devient autre et se crée un autre temps. Dans le Futur il fera l’expérience de ces longs voyages dans l’Espace et de ce Temps des milieux fermés. Nous savons qu’il demeurera en lui cette Espérance allumée en permanence depuis sa naissance comme une veilleuse qui prend le relais dans la nuit profonde de ses rêves.
L’Abstraction est pour l’inventeur en tout genre, un moyen de se dépasser tout en créant une nouvelle possibilité de compréhension des deux mondes du « Fini matériel » et de l’Esprit.
Notes
En philosophie, la notion d’abstraction consiste à construire ou séparer certains aspects d’une chose ou d’une représentation par la pensée afin d’en saisir des caractéristiques communes.
La pensée abstraite est regardée avec méfiance, de par son éloignement de la pensée réelle ou concrète. Néanmoins, en science moderne, l’abstraction est considérée comme une faculté de compréhension plus riche des phénomènes.
« Un vieil homme à barbe blanche qui ne voyait presque plus mais qui contemplait tout. »
«Monet et l’abstraction»